Modernisation industrielle sous fonds de tensions sociales

 

Depuis le début de l'ère coloniale en 1635, la Martinique comme sa voisine de Guadeloupe s'est dotée de matériaux plus performants dans le but de fabriquer un sucre de bien meilleure qualité.

Les petits moulins à boeuf sont au fur et à mesure remplacés par des manufactures plus imposantes.

Elles ont pour conséquence la multiplication de la production sucrière.

La demande extérieure est importante, les profits avantageux exhortent les planteurs à un investissement des plus total !

Une grande partie des terres appartiennent aux grands propriétaires colons que l'on appellent plus familièrement les « Békés ».

En 1671 on trouve 119 habitations sucrières (selon le recensement des terriers nominatifs de l'année 1671), en 1745 plus de 460 sont recensées !

Les surfaces cultivées en canne sont majoritairement plus nombreuses, même si d'autres cultures sont introduites telles que le cacao (premiers essais à la Trinité par le colon Pierre Du BUC de la Caravelle) décimé par les cyclones, le coton confronté à la concurrence des Etats-Unis ; le bétail (bovins) peu attractif sur l'île, et le café qui subit les insectes.

La banane, elle, est introduite en 1730, imposée par les autorités royales.

Le très controversé système de « l'exclusif » qui donne la souveraineté totale à la métropole en matière de raffinage du sucre, donne aux villes portuaires que sont Nantes ou Bordeaux, la richesse et l'opulence.

Les distillateurs, négociants et armateurs bâtissent des fortunes colossales pas seulement en France mais également Saint-Pierre de la Martinique.

Le commerce « Triangulaire » dont la traite de l'esclavage, ne fait qu'accentuer l'aisance financière des marchands.

En 1717, le roi Louis XV tout jeune régnant de 15 ans, renforce le système de l'exclusif en interdisant le commerce de contrebande avec l'étranger.

Certains colons comme François LE VASSOR de LATOUCHE dont la famille jouit d'une influence considérable qu'elle partage avec la famille Du BUC, doit cesser sur le champs le chargement de ses navires en partance pour l'Espagne où elle commerce avec le roi.

C'est une perte importante en rentabilité lorsque survint l'interdiction par Louis XV d'établir de nouvelles sucreries.

Il ne permet plus aux petits « habitants » d'accéder au statut supérieur de sucrier.

Les colons se fâchent et retiennent le gouverneur marquis de La VARENNE et l'intendant RICOUART d'HEROUVILLE lors d'un dîner chez Etienne BOURGEOT -tout nouvel habitant sucrier enrichi - dans la commune du Diamant.

On désignera le conflit en ce terme «Le Gaoulé » signifiant vraisemblablement « tumulte ».

Plus de 2500 colons s'unissent en obligeant leurs chefs militaires (4 colonels de milices) à marcher devant eux.

Lors d'un vote, les habitants (petits et grands) désignent Jean Du BUC L'ETANG lieutenant-colonel de la Cabesterre, contre l'avis de celui-ci, chef de la colonie. (Voir rubrique " Les Du BUC, cousins des AUBERT").

Ce dernier tempère les ardeurs les plus vives en évitant aux insurgés de faire couler le sang et par la même occasion de renouveler leur confiance au roi.

Les deux hauts émissaires royaux sont renvoyés en métropole.

Après plusieurs procès, le souverain décide subitement d'amnistier les meneurs de la révolte, manoeuvre guidée dans le souci de ne pas envenimer davantage une situation déjà bien compliquée !

La traite négrière s'intensifie, des millions de malheureux sont déportés d'Afrique vers les Amériques à bord de sinistres galères.

Les survivants iront grossir les plantations déjà bien fournies en esclaves.

Certains maîtres ne pourront honorer leurs engagements, le marché du sucre n'étant que spéculations et promesses de vente, les prix que fixent les négociants varient constamment.

Les banques sont amenées à saisir les domaines assujettis par l'endettement, une situation profitable à ceux qui les rachetent sur adjudication.

La manoeuvre a pour finalité la diminution des petits domaines sucriers au profit de domaines fonciers plus conséquents.

Cette croissance perpétuelle de l'industrie sous fond de climat tropical, est dûe en partie aux changements de propriétaires qui viennent de France faire valoir leur connaissance de l'industrie et aux ambitions de ces derniers.

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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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