Le destin tragique du chevalier Pierre III Du BUC

 

La famille Du BUC qui fut l'une des plus puissantes de la Martinique, joua un rôle économique et politique tant à la Martinique qu'à la cour de Versailles.

Cette trés ancienne famille normande cousine à la Martinique avec les AUBERT par les MONNEL.

-Le 9 juillet 1731 au Trou-au-Chat (Martinique) le sieur Eustache AUBERT épouse la Demoiselle Luce MONNEL-BELLEVAL, fille de René MONNEL-BELLEVAL, lui même frère de Marie Anne MONNEL (1675) épouse de Balthazar Du BUC de BELLEFONDS (1676-1753), ces derniers sont donc grand-oncles et tantes des enfants du couple AUBERT/MONNEL-BELLEVAL.

 En 1717, l'affaire du fameux « gaoûlé » au Diamant fut menée par Messire Jean Du BUC L'ETANG, chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel et riche habitant sucrier de la commune de la Trinité.

Son rôle dans la révolte du Diamant fut primordial pour le maintient de la paix sur l'île, plébiscité bien malgré lui par le peuple pour diriger la colonie révoltée !

Sa gouaille, son intrépidité et son talent militaire ne furent pas sans rappeler les qualités qui étaient celles de son père, le fameux Pierre DUBUC.

Pierre DUBUC « l'engagé » jouissait d'une grande respectabilité sur l'île. Ses exploits militaires furent relatés bien souvent dans les livres et le mystère sur son identité demeura pour tous durant des siècles.... à l'exception des siens !

Son père, Jean VI François Du BUC du FONTENIL, lieutenant des gardes du Duc d'Elbeuf réanobli en 1623 (confirmation de ses titres en 1625 à Rouen), était l'ami et le compagnon d'exploration de Pierre BLAIN d'ESNAMBUC chef de la colonisation des Antilles-Françaises, avec qui il mena en 1626 la première expéditon, avec la complicité des sieurs Du PLESSIS d'OSSONVILLE et Urbain Du ROISSEY, dans la prise de possession de l'île de Saint-Christophe appartenant aux indiens caraïbes.

Le 23 juin 1635, le chevalier Jean VI François Du BUC du FONTENIL, accompagné de Du PLESSIS, et de LIENARD de L'OLIVE, débarque sur les côtes du Carbet en Martinique afin de la coloniser, mais la résistance des indiens est telle que l'expédition ne dure que 3 jours.

Jean Du BUC et ses compagnons fuient en Guadeloupe où ils installent une nouvelle colonie.

C'est en septembre 1635 que la colonisation de la Martinique débute véritablement sous la houlette de BLAIN d'ESNAMBUC, même si son ami Jean VI Du BUC l'a devancé dans cette entreprise. Entre 1635 et 1657, Du BUC aide Jacques DYEL Du PARQUET, seigneur de Graville, gouverneur et propriétaire de la Martinique dans les diverses expéditions aux Caraïbes !

En 1657, peu après le départ précipité de son fils Pierre III pour la Martinique, Jean VI François Du BUC quitte à son tour la France pour rejoindre les Antilles. Le Duc d'Elbeuf dont il était le lieutenant particulier vient de décéder cette même année.

Tous ces voyages, toutes ces expéditions ont un prix ! François Du BUC s'endette, il rentre précipitamment en métropole vendre quelques uns de ses biens dont le fameux châteaux du Fontenil à l'Aigle (Eure, Normandie) construit jadis par son aïeul Jean IV Du BUC, seigneur du Fontenil en 1544 et son épouse Antoinette de BOUQUETOT.

Le magnifique château de Graveron (Eure) commencé quelques années auparavant par lui-même reste inachevé par manque de moyens financiers.

Jean VI François Du BUC ,Chevalier, sieur du paquerel, baron de Bretagnolles, de Guéville, de Flexanville, de Saint-Germain, de Tournedos, du Fontenil etc... héritier (favorisé par le décès de son frère aîné Siméon ou Simon demeuré sans alliance) en partie ruiné, meurt en novembre 1666 laissant à ses héritiers Du BUC normands d'effroyables dettes. Les Du BUC Martiniquais quant à eux, sous la régence de Pierre, accumuleront au fil des ans une fortune et une importance considérable !

Il est important de préciser que le père LABAT historien de son état, confond dans son ouvrage sur la Martinique, le père et le fils Du BUC lorsqu'il écrit "Mr.Du BUC était l'un des premiers habitants de la Martinique, son intrépidité avait plu au sieur d'ESNAMBUC qu'il emmena avec lui pour coloniser les îles", il s'agit en réalité de Jean François VI Du BUC, père de Pierre !

La colonisation eut lieu entre 1626 et 1635, Pierre Du BUC partit se réfugier chez Jacques DYEL Du PARQUET en 1657 ou ce dernier mourut en 1658, or en 1658 BLAIN d'ESNAMBUC était décédé depuis de nombreuses années, Pierre III Du BUC n'a pu connaître le sieur d'ESNAMBUC.

Le père LABAT parle également de l'arrivée du sieur Du BUC en 1637, Pierre est né en 1640 !!!  Il y a un décalage de 20 ans qui correspond à l'arrivée de Jean François VI Du BUC du FONTENIL père et non de son fils Pierre !

Troisième fils de Jean VI François du BUC, Chevalier, Seigneur du Paquerel, du Fontenil, baron Bretagnolles, Gueville et de Jehanne LHUILLIER (LHUILLIER-REGNARD) issu la branche aînée de Normandie, Pierre III du BUC nait le 13 juin 1640 au château de Guéville, Commune de Trouville-la-Haule (Eure) avec le titre de chevalier, dans cette famille de très ancienne noblesse d'extraction Normande (recensée en 1190 dans l'Eure). Pierre naît ainsi que toute sa fratrie dans le château de Guéville mais un feu de cheminée rase une grande partie de la bâtisse et oblige la famille à domicilier dans le manoir d'Iville appartenant à la famille LHUILLIER. Son père officier, Pierre du BUC intègre en 1654 le régiment du grand maître de Malte dirigé par Paul de LASCARIS de JAUNA, comme cadet. En 1657, le grand maître de l'ordre Paul de Lascaris décède à 97 ans. Après 3 ans de campagnes militaires -dont la guerre d'Espagne- Pierre obtient une permission et rentre chez lui. C'est désormais un jeune officier plein d'avenir. Il décide d'aller au manoir de Criquebeuf demander la main de son amie d'enfance; Elisabeth de NOLLENT, fille du chevalier François de Nollent. C'est une promesse faite à la jeune Demoiselle que Pierre souhaite honnorer. Avant cela, il se rend dans l'église du village pour prier sur la tombe de son ancêtre - le chevalier Geoffroy du BUC-. Là il rencontre le curé de la paroisse, le père BEAUVOISIN qui le connait depuis enfant. Ce dernier lui annonce qu'Elisabeth de NOLLENT est fiancée à son cousin Jean de BIENCOURT depuis plusieurs mois, les bans ayant déjà même étaient prononcé ! La mère de ce de BIENCOURT est la cousine germaine du père de Pierre du BUC. Furieux, Pierre enfourche son cheval et galope en direction du manoir de Chauvincourt, fief des de Biencourt situé à une bonne journée au galop. Une fois arrivé il est stoppé à l'entrée par les gardes puis par les frères de Biencourt; Antoine et Jean. S'en suit des insultes et menaces. Jean de Biencourt pour laver l'honneur de sa famille provoque un duel au premier sang dans deux jours au manoir de Criquebeuf que Pierre accepte. Cependant, Antoine de Biencourt propose de remplacer son frère pour ce duel car il estime être plus chevronné que ce dernier dans le maniement des armes. Le jour j et contre toute attente, Pierre du Buc remporte son duel contre son ainé en le tuant d'un coup d'épée au cœur. Désormais sa tête est mise à prix, le Cardinal de Richelieu interdit les duels qui déciment l'aristocratie française. Le paternel des de Biencourt, le fameux baron de Chauvincourt, titré commandant de la garde royale et militaire va envoyer aussitôt ses mousquetaires pour une chasse à l'homme, Pierre doit partir ! Mais où ? Sûrement pas chez son père à Iville qui serait un repère trop facile à trouver. Il se décide à aller au château du Fontenil à l'Aigle dans l'Orne qui fut encore lorsqu'il était enfant la propriété de son grand père Jean V du Buc-Richard et depuis peu celle de Jean Le Héricy cousin de Pierre du Buc. A son arrivée au château, Le Héricy envoie son métayer à Iville chercher Jean François VI du Buc.

On prend la direction de Dieppe. J.F du Buc et son frère Gédéon I Du Buc, sieur de Valmont, procureur au greniel à sel de Dieppe entretiennent des relations avec les capitaines de navires locaux. Gédéon va s'occuper de toute la paperasserie. J.F du Buc-Richard fait ses adieux à son fils, lui interdisant de remettre les pieds en France sous peine d'être pendu. Il lui remet toutefois une lettre de recommandation à transmettre à Jacques Dyel Duparquet, gouverneur de la Martinique et ami de longues date afin qu'il puisse le protéger en l'hébergeant sur son domaine de Saint-Pierre de la Martinique. Ce qui sera chose faite durant 1 an. Désormais ''Pierre III du Buc-Richard, chevalier se nomme Pierre Dubuc, simple engagé. Il a seulement 18 ans et quitte définitivement les siens. Il perd son honneur, ses titres de noblesses et ses futures terres. Il s'installe à la Martinique chez Jacques Dyel Duparquet jusqu'à la mort de celui-ci en 1658. Sans un sous, il quitte la Martinique pour Saint-Christophe et s'engage pour 36 mois chez un maître nommé Belletête, un être cruel. L'expérience ne dure que quelques mois - nous mentionne les lettres du testament de Pierre- un jour au détour d'un bois, Pierre du Buc attend couteau à la main son tortionnaire et l'oblige à signer sa libération tout en lui déconseillant d'essayer de l'attraper sous peine de le tuer. Il lui vole son pistolet, son cheval et l'argent qu'il avait sur lui pour v prendre la direction du port et s'engager de nouveau pour la Martinique. Il s'engage dans ce qu'il fait de mieux....l'armée ! Son talent est indéniable, il prend du galon, devient flibustier, il s'enrichit et se rachète une respectabilité. Il contracte deux mariages avec deux riches veuves. Le roi lui donne des terres pour le remercier de ses bons et loyaux services, terres qu'il cultive en cannes à sucre, cacao et tabac. Désormais respectable et respecté, il investit toujours plus en rachetant des terres et en construisant des usines à sucre.

Seul à connaître ses origines et enclin à redevenir ce qu'il fut, il lui faut dorénavant recouvrir à une toute nouvelle noblesse. Il participe à plusieurs expéditions d'ordres militaires, passe les grades d'enseigne de milice en 1676, lieutenant en 1678, capitaine en 1691 puis finit colonel réformé en 1708. Il introduit la culture du cacao à la Trinité de la Martinique. Il peut désormais financer sa nouvelle noblesse en achetant pour 6000 livres des lettres d'anoblissement que le roi Louis XIV vend. Nous sommes en 1701. Elle lui seront confirmées le 8 mars 1702. Il aurait pu tout aussi bien attendre que le roi les lui donnent car c'est ce qu'il aurait fait, mais Pierre fut trop pressé de les retrouver. Nous n'en connaissons pas ses raisons.

Le généalogiste du roi lui attribut pour armoiries "d'azur à un sauvage d'or au chef cousu de gueule chargé de trois dards d'argent posés en fasce". Pierre du Buc restera comme le père fondateur d'une longue et puissante dynastie qui jouera un rôle économique tant à la Martinique qu'à la cour de Versailles. En 1769, le roi reconnait les Du BUC de Martinique comme descendants des Du BUC de Normandie, ainsi que leur noblesse immémoriale (moyen-âge), favorisé par les documents de la branche aînée Du BUC restée en Normandie et mise à disposition pour les Du BUC de Martinique, avec pour conséquence la reprise du patronyme "Du BUC" et le titre de "chevalier" perdu par dérogeance royale en 1657 par Pierre Du BUC. Le 31 mai 1782 à Versailles, sur autorisation du Roi et l'accord de CHERIN, généalogiste du roi, contresigné par le maréchal de CASTRIES, et à la demande de Jean François du BUC RICHARD, chevalier, Seigneur de Flexanville et de Laumoye , reconnaissant les Sieurs du BUC du FERRET et de SAINT-PRIX de la Martinique comme descendants de la famille noble des du BUC de Normandie, il autorise les sieurs du BUC à relever les armes féodales des du BUC de Normandie branche cadette du Fontenil "d'Argent à la bande d'or".

"Vers 1657, un Pierre du Buc, qui était aussi normand, s'étant battu en duel, fut obligé de passer aux colonies et perdit sa noblesse (Louis XIV ne plaisantait pas sur ce point). Pierre serait né à Guéville (Sic) diocèse d'Evreux." sources : Société académique du centre à Châteauroux année 1905.

Il laissa avant sa mort à ses fils en 1708 un testament "secret" sur son origine et celle de sa famille, de son fameux duel, et demanda à ses descendants qu'après la presciption de son duel, ils se réconcilient en ce rapprochent de leur parents normands. Son ultime requête eut pour objet que ses descendants reconquièrent le patronyme originel de "du BUC" , ce qui fut fait par la suite. La réconciliation définitive des deux branches (1780-1782) intervient après de longues années de procès où Pierre DUBUC et ses descendants demandèrent leur part d'héritage à Jean VI du BUC (frère de Pierre) et sa descendance.

 - Les informations sur les Du BUC proviennent principalement des archives privées (actes d'etat-civil, tableaux, lettres, documents...) jamais divulguées de la famille Du BUC-RICHARD branche du FONTENIL de Normandie, Eure, en 2008 (enfin dévoilées) par l'intermédiaire des ouvrages « 1493-1848***si la Martinique m'était contée...l'histoire des chevaliers Du BUC de Normandie à la Martinique » « Le château du Fontenil » d'Yvan Brunet Du Buc de Mannetot, historien et descendant de Jean VI François Du BUC-RICHARD et de Jeanne L'HUILLIER-REGNARD.

***Les actes de naissances de Pierre et de ses frères et soeurs Jean, Guillaume, Gédéon, Marie dite Du Buc-Richard de Bretagnolles furent toutes retrouvées dans la commune de Trouville-la-Haule (Eure) le 8.8.2009 par mon cousin Mr.Yvan Brunet Du Buc de Mannetot. Ces actes confirment dans la totalité la généalogie des Du Buc-Richard écrite par Charles d'Hozier en 1690 et conservée au cabinet des titres à Paris. Leur découverte met un point d'orgue à tous les écrits souvent sans consistance (par manque de preuves ou de recherches ?) sur les Du Buc de Martinique, ainsi qu'à toutes les interrogations sur les origines obscures de Pierre III Du Buc, alias Pierre Dubuc l'engagé fuyant en 1657 vers la Martinique pour cause de Duel (il tua le chevalier Antoine de Biencourt, son cousin). En 1722, Du Buc du Ferret avait déja énuméré les origines de son aïeul Pierre Du Buc en rectificatif de ce que le père Labat avait écrit quelques années plus tôt à savoir; qu'il était d'une bonne famille de Normandie, et n'avait pas 17 ans lorsqu'il parti pour cause de duel. Son père fut Jean François VI Du Buc-Richard,seigneur du Paquerel, lieutenant des gardes du duc d'Elbeuf anobli en 1623 (cabinet des titres de Rouen ) !  Du BUC du FERRET disait donc vrai ....***

 

 

 

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Commentaires (6)

1. patricia Montsarrat 13/04/2011

Bien passionnante cette généalogie de la famille du Buc du Fontenil et de Bretagnolles. Je suis à la recherche des armoiries de la famille afin d'en proposer à Madame Le Maire un rondel (vitrail rond) pour incruster dans une baie de l'église. Ceci dans le cas de l'étude d'un appel d'offre à concurrence que la mairie à lancé pour la restauration de l'église. Je suis verrier et je recherche des documents graphiques concernant cette illustre famille. Merci de votre aide. Cordialement. PAtricia Montsarrat

2. Fabrice Renard 16/04/2011

Bonjour Madame Montsarrat,
Les armes de la famille Du Buc-Richard de la branche normande et martiniquaise sont "d'argent à la bande d'azur".Elles leurs furent attribuées au XIe siècle sous Philippe Auguste qu'ils suivirent durant les periodes de guerres. Après de multiples procés de la branche martiniquaise contre leurs cousins normands dans le but de récupérer leurs biens dans l'héritage de Pierre Du Buc de La Caravelle, les martiniquaais furent réhabilités par leurs cousins par acte signé du roi et enregistré en 1769 et 1782. Ils furent autorisés reprendre leur ancien patronyme ainsi que leur vieille armoirie.
Cordialement, Fabrice Renard

3. petit-leblond 13/03/2012

bonjour,
je suis une petite fille graveron petit,j'ai entendu parler que la famille graveron avait ete depouillé du chateau,cette histoire a ete relaté il y a quelques annees dans le journal detective.qui connait cette affaire ou me donner des renseignements.
je vous remercie

4. Duc 29/06/2012

Auriez-vous connaissance des familles De Gonfreville, De L'Hommeau (De La Charbonnièr) et Vassard (dont Louis Claude Gratien Vassard Préposé au Trėsor Royal du Marin au XIXème siēcle) à la Martinique, plus spécifiquement au Marin, mais aussi dans d'autres îles?

Je vous remercie de toute information qui pourrait me faire progresser dans la poursuite de ma gėnėalogie à la Martinique. Ces personnes étaient proches des Banchereau, Dumont Latouche , Hubert De Rinville (De Rainville), Jean-Baptiste Figuepeau, Lebreton, Morange, Charles Madey et bien d'autres encore.

Madame Duc

5. Fabrice Renard 07/07/2012

Bonjour Madame Duc,
Si je connais un peu les familles sitées ci-dessous tels les Banchereau alliés des Monnel, je ne connais malheureusement pas les autres. J'ai du lire quelque part le nom de Gonfreville mais rien de plus.
Après beaucoup de serviteurs du roi installés dans les îles étaient des officiers du roi en mission, ils restaient le temps de cette mission et repartaient en métropole par la suite. il faut les comparer à nos hauts fonctionnaires d'aujourd'hui !

6. Duc 23/07/2012

Merci de votre réponse

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Date de dernière mise à jour : 20/09/2018

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