La noblesse militaire et la robe

 

Dans les îles, les familles dominantes avaient par le passé accés à certaines fonctions lucratives, qui débouchaient sur de nombreux privilèges : négociants, grands planteurs, membres du conseil souverain (justice et politique), toutes ces activités étaient de sérieux atouts pour l'obtention du grade d'officier dans la milice.

Les habitants sucriers étaient généralement ceux à qui l'on faisait appel pour l'obtention de cette « promotion » militaire.

Leur expérience du dirigisme (gestion du personnel sur les grands domaines), était selon toute vraisemblance un avantage indéniable pour mener à bien des missions guerrières car « un commandant n'est commandant que si sa valeur au combat influe directement sur ses hommes » !

L'accession à cette distinction était bien évidemment liée aux armes, l'entrée aux écoles militaires était plus qu'une nécessité, le jeune cadet y apprenant l'art de la guerre et la stratégie.

Faut-il rappeler que de tout temps, prendre les armes c'était faire preuve de courage, de bravoure; que  l'intervention en faveur d'une cause loyale de justice ou de religion était plus noble que la cause elle même ! Ce souci identitaire ayant pour but la valorisation de son clan.

Ce corps si prestigieux soit-il, donnait à l'individu le plus recherché des privilèges : la noblesse militaire, la plus valorisante de toute, d'où le sentiment d'appartenance pour cette élite terrestre à un ordre quasi "divin". Ses descendants en sont fiers et le revendiquent.

Quoi de plus honorable pour un gentilhomme que d'appartenir à une ancienne dynastie chevaleresque reconnue jadis par le roi pour faits d'armes ?

Concernant la noblesse de robe, elle était représentée par "le grand bourgeois" fortuné, comme en témoignent les conseillers au parlement, pour qui le roi avait octroyé des lettres de noblesse, par les charges exercées ou achetées dans l'unique but de combler les dettes cumulées par l'Etat.

De surcroît, la bourgeoisie est riche, elle est donc en mesure de s'autofinancer ses lettres. Il faut subtiliser les finances là où elles se trouvent et le roi, en homme d'affaires avisé, s'en est informé !

La noblesse a ses propres codes qui influent directement sur le comportement des membres et qui, selon leur degré d'ancienneté, restent plus ou moins bien acceptés par la minorité dominante.

Cette noblesse de robe, bien que très puissante et recente, reste mal perçue par la noblesse d'extraction (de race). Les titres obtenus par celle-ci sur les champs de batailles aux côtés du roi avaient bien plus de valeur que les lettres patentes auto-financées.

La noblesse d'extraction accusa même la noblesse récente de " noblesse sans titre", stipulant qu'elle n'était dûe qu'à la proximité qu'ils avaient avec le roi et les charges que ce dernier leur conféraient.

D'ailleurs, pour des lettres financées, les révocations de celles-ci furent autorisées par l'édit de 1715, cette dernière annulant par la même occasion tous titres acquis par financement !

Le roi prône la hiérarchie, il aime s'entourer de la noblesse de race, ce qui a pour conséquence de créer des tensions parmi les classes sociales. 

Il est vrai que Louis XIV, traumatisé dans sa jeunesse par la "Fronde" sous la régence de Mazarin, redoute de voir à nouvau sa noblesse s'insurger contre lui comme elle l'a fait auparavant avec Louis XIII, son père. Pour cela, il l'a divise afin de mieux la contrôler. Monter dans ses carrosses a un prix. C'est un privilège dont on ne se prive guère.

Il a fallu par exemple à la famille Du BUC de Martinique réanoblie en 1702, qu'elle prouve en 1769 par acte notarié signé du roi et de son ministre, qu'elle appartenait en ligne directe aux Du BUC de Normandie de noblesse féodale (depuis l'an de grâce 1190 et Messire Gaultier Du BUC, Chevalier).

Demande acceptée sous la tutelle du Maréchal de BROGLIE et enregistrée au parlement de Paris en 1770, avec la collaboration et la revendication des Du BUC normands eux mêmes (les Du BUC de Martinique grâce à leur imposante fortune, s'étaient vus proposer par Versailles des postes de grande importance et avaient operé un rapprochement avec l'exécutif royal).

Ces démarches furent plus que nécessaires pour faire partie de l'entourage de son altesse royale et bénéficier de sa protection comme tout gentilhomme qui se respecte.

 

Sous-pages : Eustache AUBERT (1767-1832)

2 votes. Moyenne 4.50 sur 5.

Ajouter un commentaire
 

Date de dernière mise à jour : 20/09/2018

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site